Ce soir-là, comme tous les autres d'un début estival prometteur, Gander, le fils du meunier de Lakhazar, rentrait chez lui. Le ventre rempli des fruits volés aux paysans du sud d'Aldebaran, il gambadait joyeusement sur un chemin assombri par les ombres naissantes.
Alors qu'il sifflotait en regardant le ciel, l'astre brillant que tout le monde avait remarqué quelques semaines auparavant, dardait ses rayons menacants sur le paysage.
Ce qui interpela alors Gander, ce soir plus que les autres - car pour lui comme pour beaucoup d'autres cette étoile n'annonçait rien de bon - c'était que l'étoile elle-même semblait se disloquer en plein ciel. Comptant sur ses doigts le nombre de sept étoiles naissantes à partir de la première, Gander se dit qu'un grand malheur, ou un grand bonheur allait sûrement se produire. Il courut à en perdre haleine jusqu'aux portes de Lakhazar pour annoncer sa découverte.
La réponse de ses questions allaient arriver quelques instants après. Zébrant le ciel de panaches de fumées noires, les sept étoiles fondaient sur les Côtes d'Opaline. Hébété par ce spectacle ahurissant, Gander se tint la tête entre les mains lorsque l'un des astres vint passer au dessus de lui dans un vacarme assourdissant. Irradiant l'atmosphère de chaleur et de lumière, le projectile enflammé filait droit sur Lakhazar... du moins c'est ce que se dit le jeune garçon.
Le cœur battant la chamade, il s'élança sur la route à un rythme effréné.
Son souffle fut coupé court quand au loin une déflagration phénoménale retentit. Trébuchant dans la pénombre tant par l'émotion que la fatigue, sa tête heurta une vieille roche du chemin et il perdit connaissance.
Quand il reprit ses esprits, ce fut dans un gout de cendres et de fumée. Il était arrivé au pied de l'aqueduc d'Eldath, et l'odeur de la mort était insupportable. Arrivant à grand peine aux portes de la cité, il ne put retenir un cri d'effroi devant le spectacle se présentant à ses yeux...
Ce que Gander ignorait encore, c'est que les six autres astres tombés ont eux aussi provoqué bien des ravages. Partout sur les Côtes d'Opaline, on parle d'étoiles tombées du ciel, de feu céleste cachant le soleil couchant. Les habitants les plus téméraires se sont approchés des différents cratères. Ils racontent que les cratères sont vides de toute météore, et que le danger est écarté, du moins, pour ceux qui en sont revenus...